Le livre

Ce livre rassemble 255 portraits de cafés, saisis depuis la rue à travers des plans frontaux de leur façade.Le cadrage, toujours pris depuis l’espace public, se maintient à distance. On n’entre pas. Les intérieurs restent suggérés : un reflet, un rideau, une silhouette floue. Les clients, eux, n’apparaissent que rarement — le plus souvent à la terrasse, lorsque le bar déborde dans la rue. Ce regard en retrait est un choix : il recentre l’attention sur la devanture elle-même, sur ce qu’elle exprime, expose ou masque. Car une devanture de café n’est jamais neutre. À travers elle, le bistrot du coin ou le café branché exprime son caractère, son ancrage dans un quartier, son époque. Il fut un temps où ces devantures n’avaient pour ambition que la simplicité : une enseigne peinte, un auvent un peu fané, quelques chaises sur le trottoir. Elles disaient le quotidien, la proximité, la fidélité des habitués. Aujourd’hui, elles se font vitrines d’un monde réinventé, pensées comme des mises en scène. Derrière cette diversité, ce sont aussi les transformations de la ville qui se lisent : dans l’architecture, le tissu social, les usages, les rythmes, les modes. Cette évolution des cafés et bars n’est pas qu’esthétique. Elle témoigne d’une transformation du rapport à la ville, à la consommation, à la sociabilité. En cinq catégories non exclusives — bars de quartier, bars-restaurants, terrasses urbaines, cafés et lieux hybrides, bars à concept et lieux branchés — ce livre propose une lecture sensible de la ville contemporaine. Une ville que l’on observe en marchant, à hauteur de trottoir. Une manière de capter l’esprit de Marseille.