Mobylette Vietnam

Les grandes villes japonaises sont souvent caractérisées par l’hypermodernisme, l’agitation et la multitude, hormis quelques ilots préservés où le temps s’est arrêté. Pourtant loin de la tradition et préservées d’une modernité excessive, les rues de ces villes peuvent respirer le calme, la quiétude, le silence tout aussi surprenants. Le temps des Sakura a sans doute souligné davantage cette impression.

Confiné ! Une grande baie vitrée dans ma cuisine ouvre directement sur la rue, je deviens le spectateur d’un temps suspendu. Regarder par la fenêtre une rue habituellement embouteillée et maintenant vide. Quelques fantômes surgissent. Des gens passent, seuls la plupart du temps, concentrés, tendus vers je ne sais quoi. La flânerie n’existe plus, on se presse, on s’affaire comme si le temps était compté. Plus d’insouciance, du moins en apparence. Un esprit de sérieux. Et c’est malgré tout rassurant. Une proximité insoupçonnée apparaît. Derrière la vitre, c’est quelqu’un que l’on ne connaît pas mais que l’on peut reconnaître ou en qui l’on peut se reconnaître.

Corbières, pays de vignes et de vent. Dans ces paysages à la beauté abrupte, de nouveaux totems surgissent. Des éoliennes, innombrables, barrent l’horizon, sur les collines, dans les vignes. Nouveaux moulins qu’aucun Don Quichotte ne pourfend, symboles d’une modernité malgré tout écologique. Contraste entre ces grands engins, élancés et puissants, et les pieds de vigne, tourmentés, ancrés dans cette terre cathare.

Le parc Longchamp, jouxtant le palais du même nom, est le poumon vert du centre-ville de Marseille. C’est le rendez-vous des familles et de la jeunesse. Les flâneurs de tous âges déambulent dans les allées. On vient lire au soleil ou méditer sous un arbre. Les sportifs pratiquent leur activité préférée quelle que soit la saison. Avec la crise sanitaire, on a pu mesurer la chance de fréquenter ce havre de paix, lieu de tous les mélanges. Cette série en est un modeste témoignage.

Sans cesse changeants et pourtant familiers. Toujours recommencés. "Et je serai face à la mer qui viendra baigner les galets. Caresses d’eau, de vent et d’air. Et de lumière. D’immensité." Une ligne d'horizon qui sépare et réunit. Limite du regard et préfiguration de l'infini. Le temps qui passe et le temps suspendu. "L'éternité c'est la mer allée avec le soleil" "Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme"

Je suis parti en 2019 au Japon au temps des cerisiers en fleurs. Je suis naturellement revenu avec un lot conséquent de photos de voyage. Le temps a passé. J’ai alors regardé ces photos avec plus de distance. L’envie m’est venue d’extraire une ou deux séries de cet ensemble hétéroclite, notamment suite à la lecture du livre de Thomas Hammoudi « Vers la lumière ». Voici une de ces séries présentée ici. Des jeunes filles, d’autres moins jeunes, à la saison des cerisiers en fleurs. C’est un temps de fête. On se perd dans la foule, on vaque dans les parcs, on se montre en habits traditionnels, on festoie.